Le Chœur de l’Opéra national de Corée a été démantelé en 2009 sur décision du gouvernement conservateur de Lee Myung-Bak. Le caractère arbitraire et injustifié de cette décision a, depuis, été mis en évidence.
Dix années après les faits, certains musiciens du chœur se battent toujours pour leur réintégration, mais se heurtent aux réticences de l’administration qui s’est chargée de leur licenciement en 2009 et craint aujourd’hui d’avoir à reconnaître ses erreurs passées.
Le chœur de l’Opéra national de Corée a été constitué en 2002 afin de doter cette institution d’un chœur à la hauteur de sa réputation et de ses ambitions. Acclamé par la presse, cet ensemble de haut niveau a participé à près de 80 spectacles par an, donnant également de nombreux concerts à travers le pays et à l’étranger. Il s’est notamment distingué en 2003 lors des représentations d’une production franco-nippo-coréenne de Carmen sous la direction de Myung-Whun Chung et de « A match made in Heaven » en Allemagne, Japon, Chine et Corée en 2008.
La décision de supprimer le chœur fut prise sous le double prétexte d’un coût excessif et d’une incompatibilité réglementaire, deux arguments invalidés l’un et l’autre par un audit conduit en 2011.
En 2009, le coût de fonctionnement annuel du chœur s’établissait à 300 millions de wons (environ 230 000 €) pour un budget global de l’opéra de 4,3 milliards de wons (3,4 millions d’euros) augmenté à 10 milliards de wons en 2011. Étant donné que l’Opéra est contraint de recourir à des chœurs du simple fait de sa programmation, la renonciation à un chœur permanent offrant des salaires très bas ne pouvait avoir qu’un effet marginal ou nul sur l’économie générale de l’institution.
La décision de supprimer le chœur fut prise sous le double prétexte d’un coût excessif et d’une incompatibilité réglementaire, deux arguments invalidés l’un et l’autre par un audit conduit en 2011
Par ailleurs, le Chœur de l’Opéra national s’est produit à de nombreuses reprises lors d’événements officiels, à la demande du Ministère de la culture, des sports et du tourisme, recevant même une distinction lors du festival de Daegu. Dans ce contexte, l’argument d’un problème réglementaire ne tient pas.
Cinq ans après les licenciements, le Parlement de Corée a décidé d’allouer une enveloppe de 200 millions de wons (160 000 €) à la réintégration des quatre derniers choristes encore en lutte pour faire reconnaître leurs droits. Les quatre artistes ont alors été recrutés sous contrat à durée déterminée dans une entité indépendante – le Chœur national – avec la promesse d’en faire des membres permanents au bout d’un an, mais cette promesse n’a pas été tenue et les quatre artistes sont aujourd’hui à nouveau sans emploi. Le Chœur national continue néanmoins de bénéficier de la dotation décidée par le Parlement.
Trois des choristes injustement licenciés se battent toujours, avec le soutien de l’organisation syndicale KCTU-KPTU, pour obtenir du gouvernement de Moon Jae-In qu’il traduise en actes son engagement de respecter les travailleurs : il ne s’agit pas seulement de réparer un préjudice individuel ; c’est aussi une question de respect pour tous les artistes qui consacrent leur travail et leur talent au rayonnement des arts et de la culture au service de tous les Coréens.
La FIM soutient les artistes du Chœur de l’Opéra national de Corée injustement privés d’emploi et demande au gouvernement coréen de procéder à leur réintégration dans les meilleurs délais.